MOUCHES SUR OMBELLES

Après un week end d’avril consacré aux techniques anciennes de photographies lors des Premières Rencontres Thouarsaises de la photographie, nous voici de retour dans la nature à Bouillé Saint Paul dans les Deux Sèvres.
Le soleil brille mais le vent froid n’incite pas les insectes à sortir butiner. Heureusement un petit chemin protégé par une double rangée d’arbres constitue un refuge pour la faune. Les anthrisques ou cerfeuil sauvage
(Anthriscus sylvestris)
sont une des premières Apiacées (ombellifères) à s’épanouir dès le printemps au bord des chemins.
Les petites fleurs groupées en ombelle de ces plantes facilitent l’atterrissage des insectes à langue courte, en particulier les mouches qui pullulent sur ces plantes. Le nectar étant facilement accessible, il profite à de nombreux insectes qui ne disposent pas d’outils particuliers pour l’atteindre. 

Les plus communs sont des tipules jaunes aux pattes démesurées du genre Nephrotoma. Leurs
larves souterraines se nourrissent des racines de plantes. Les adultes butinent sur les fleurs à la recherche de nectar et de pollen. 

D’autres lutinent sous les feuilles.

Tandis que les derniers servent de repas aux redoutables mouches Empis.

L’Empis marqueté (Empis tessellata) aspire le nectar des fleurs à l’aide de sa longue trompe. Mais ne nous y fions pas, sous son aspect d’innocent butineur, se cache un redoutable prédateur dont la trompe acérée est prompte à percer la peau d’autres insectes. Même les petits coléoptères porteurs de carapace en font les frais. Les larves vivent dans la litière de feuilles décomposées et sont également prédatrices.

Les mouches nécrophages comme les mouches bleues (Calliphora sp.) délaissent pour un temps crottins et cadavres pour s’enivrer de nectar, mais qu’un petit animal succombe, elles seront nombreuses à pondre sur sa chair fraiche afin que leurs larves participent à sa décomposition. 

Ovovivipares les mouches à damier (Sarcophaga sp.) pondent souvent des larves déjà écloses, une façon de gagner du temps sur la concurrence des autres mouches dont les œufs mettront du temps à incuber. Elles sont également parasites des vers de terre.

Les mouches vertes adultes du genre Lucilie consomment le nectar des fleurs et les exsudats d‘excréments ou de cadavres. Leurs larves se nourrissent de chairs nécrosées et d’excréments qu’elles recyclent avec zèle, jouant le rôle important d’éboueurs de la nature.
Certaines le font d’une manière extrême comme la
Lucilie bufonivore (Lucilia bufonivora)
qui infeste la chair des crapauds vivants. D’autres emploient la manière douce en ne s’attaquant qu’aux chairs nécrosées, telle la lucilie soyeuse (Lucilia sericata) qui est utilisée en chirurgie (asticothérapie) pour éliminer les chairs mortes d’une blessure. Une opération qu’elle maitrise bien mieux que le meilleur chirurgien. De ce fait certains hôpitaux utilisent les larves stériles pour nettoyer les plaies infectées et activer la cicatrisation.

Le groupe des mouches des fleurs s’illustre parfaitement avec la famille des syrphes dont le plus commun, le syrphe à ceinture (Episyrphus balteatus). Ses larves sont de redoutables mangeuses de pucerons.
Particulièrement étudiées au Royaume Unis, il a été démontré que l’ensemble des syrphes véhicule plus de pollen que les abeilles.

Comme la plupart des syrphidés, le Chrysotoxe prudent (Chrysotoxum cautum) arbore une tenue de guêpe mais reste totalement inoffensif. Ses larves consomment les pucerons souterrains des racines.


Contrairement à l’abeille besogneuse qui doit nourrir son couvain, l’Eristale (Eristalis sp.) fréquente les fleurs avec nonchalance car ses larves se nourrissent seules dans les eaux putrides. Elles possèdent un long appendice respiratoire, d’où leur surnom de « larve queue de rat ». 

Avec l’arrivée de l’été de nouvelles ombelles s’épanouissent : grandes berces, carottes, panais, fenouils accueillent des butineurs faciles à découvrir.
Les mouches et les petits coléoptères fréquentent encore abondamment ces fleurs, cependant depuis plusieurs années leur nombre ne cesse de diminuer suite à l’exploitation excessive de la nature.

Pour en apprendre plus sur les pollinisateurs, pour fabriquer des nichoirs pour abeilles maçonnes et apprendre à les gérer, nous proposons une animation le 1er septembre prochain dans le bois de Boissy (Plessis-Bouchard 95)
Inscription gratuite et informations sur CLIMAX

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Commentaires: 4
  • #1

    Christian Berquer (vendredi, 23 août 2024 08:35)

    Superbes photos ! Les Syrphides sont à mon avis les mouches les plus belles, et les plus intéressantes, par leur beauté et leur grande diversité.
    Dans le Cotentin, elles sont depuis quelques années de plus en plus rares, du fait de l'effondrement de la biodiversité. Sauf les éristales, qui pullulent cette année, c'est étrange.
    Amitiés/bises de nous deux à vous deux.

  • #2

    Michelle (vendredi, 23 août 2024 14:04)

    Gérard,
    Tu es et resteras un véritable puits de science ! Merci de partager avec nous toutes ces connaissances et nous sensibiliser davantage à la faune et flore.

  • #3

    Jean-Pierre Turpin (vendredi, 23 août 2024 20:27)

    Superbes photos comme d'habitude. Merci!

  • #4

    Thierry (mercredi, 28 août 2024 18:41)

    Bonjour Gérard.
    Comme toujours, la lecture des articles de ton blog est toujours aussi passionnante, et les photos sont toujours aussi jolies.
    En Bretagne, cette année, je n'ai malheureusement pas vu beaucoup d'insectes. Enfin je me suis consolé avec l'observation de deux blaireaux.
    Merci de nous faire partager tes nombreuses connaissances.
    A bientôt
    Amicalement
    Thierry